Une lettre à ses parents et le journal intime de John Chau révèlent ses ambitions sur l’île des Sentinelles
John Chau a laissé deux écrits, une lettre et un journal intime, qui nous permettent de mieux comprendre ce qui s’est réellement passé sur l’île des Sentinelles.
Quelques jours après la mort du missionnaire américain John Chau, sa mère a fait parvenir au Washington Post son journal intime. 13 pages dans lesquelles John a noté à la fois ses sentiments et des informations personnelles mais aussi des notes scientifiques, des observations culturelles et des notes sur les directions et les distances. Ces pages nous permettent de vivre avec lui ses derniers jours sur l’île des Sentinelles.
On y apprend que John a effectué au moins trois tentatives. La première s’est soldée par un échec. Alors, pour la deuxième, il se rend sur l’île avec des cadeaux : du poisson, des ciseaux, des épingles de sûreté et un ballon. Il est arrivé en chantant des louanges et en disant les quelques mots qu’il avait appris en xhosa. D’après son journal, les sentinelles éclataient de rire quand il tentait de parler en xhosa. Jeff King, président d’International Christian Concern raconte ce qui s’est passé :
» Pour la deuxième visite, il est venu avec deux gros poissons en cadeau. D’après ce que j’ai compris, les hommes ont accepté le cadeau. Ils se sont assis ensemble pendant une heure. »
Mais quand il leur tend les cadeaux, un jeune garçon tire une flèche dans la Bible qu’il tenait.
« J’ai attrapé la flèche qui s’est cassée dans ma Bible et j’ai senti la tête de la flèche. C’était en métal, mince mais très fort. [...] Je me suis retourné et j’ai pagayé comme jamais auparavant. J’avais un peu peur, mais j’étais surtout déçu. Ils ne m’ont pas accepté tout de suite. »
John s’interroge alors sur sa mission.
» Est-ce que ça vaut la peine d’aller faire un pas pour les rencontrer ? »
Mais dans une lettre écrite à ses parents, il révèle la raison de son entêtement :
« Vous devez penser que je suis fou dans cette histoire, mais je pense que ça vaut la peine de parler de Jésus à ces gens. [...] Ce n’est pas inutile, la vie éternelle de cette tribu est à portée de mains et j’ai hâte de les voir autour du trône de Dieu pour le louer dans leur propre langue. »
Alors John ne renonce pas et tente une troisième fois de se rendre sur l’île. Les pêcheurs ont déclaré à la police que John leur avait dit qu’il resterait sur l’île toute la nuit. Ils sont donc partis en le laissant seul. Nous connaissons malheureusement l’issue de cette dernière rencontre : les membres de la tribu lui ont tiré dessus avec des flèches, lui ont mis une corde autour du cou et l’ont tiré dans la forêt avant de remettre son corps sur la plage.
Les policiers doivent désormais récupérer sa dépouille mais craignent de partager son sort s’ils s’aventurent sur l’île.
« Nous avons une équipe dans les eaux pour reconnaitre les lieux et pour élaborer une stratégie de récupération de son corps. Elle est composée de gardes côtes, d’agents du département d’aide sociale tribal, d’agents du service forestier et de fonctionnaires de police. »
Justin Graves était un ami de John Chau. Il déplore l’acte de son ami.
« Ce qu’il a fait ici n’était pas sage. Alors que je pleure pour lui, je remets en question les hypothèses théologiques et les méthodes des missions présentes dans la majeure partie du monde aujourd’hui qui pourraient avoir influencé sa décision. Maintenant, il est mort. La tribu a peut-être contracté une maladie mortelle (la principale raison de leur isolement de l’extérieur), et les pêcheurs ont de terribles problèmes juridiques. J’ai respecté John et sa passion, mais cela ne peut pas être un modèle à imiter, mais une leçon à apprendre. »
La rédaction
Image : Instagram John Chau